La semaine dernière vous avez répondu à un certain nombre de questions majeures, notamment savoir qui de Veolia ou de Suez vous fournira de l'eau enrichie en pesticides et perturbateurs endocriniens et fera disparaître vos déchets loin de votre vue et de votre odorat, décider qui de Transdev ou de Keolis vous transportera entre le dodo et le boulot pendant les six prochaines années...
Nos amis Havrais se sont même payés le luxe (pour très exactement 25159 d'entre eux) de décider qu’Édouard Philippe sera le prochain candidat LR à la présidence de la République FrançaiseTM et donc sans doute notre prochain Père... car soyons un peu sérieux amis CSP+, vous n'allez pas voter Mélenchon ou Jadot en 2022, pas assez disruptifs(1) !
Votre devoir de citoyen consommacteur accompli, vous avez pu revenir à des questions plus essentielles. Par exemple, NiqueTM ou Nouvelle BalanceTM ? LivretooTM ou Über ItzTM ? AmazoneTM ou OuicheTM ?
Ce dimanche La Partouze Musicale a une question encore plus profonde à vous poser : avez-vous déjà entendu jouir une guitare électrique ?!
Non !? Il est temps de vous déniaiser les oreilles mes amis...
Heureusement, La Partouze Musicale est là ! 8-)

Malgré une discographie se résumant à deux albums studio, The Stone Roses est l'un des groupes majeurs des années 80 et 90 grâce à un premier album stupéfiant qui porte leur nom et a été publié en mai 1989. Le succès de "The Stone Roses" n'a pas été immédiat mais n'a cessé de croître au fil des concerts du groupe(2) jusqu'à en faire un des piliers de la Britpop, un des meilleurs albums de l'histoire de la pop music, classé très très très haut dans la plupart des palmarès, tels que les 1001 albums qu'il faut avoir écoutés dans sa vie ou les 500 meilleurs albums de tous les temps du magazine Rolling Stone.
Si vous ne connaissez pas ce disque, je vous envie sincèrement de pouvoir faire une telle découverte ! Vous allez retrouver toute la magie de l'adolescence(3) pendant 48'22"(4) :-D

Le titre clôturant ce chef-d’œuvre, intitulé en toute sobriété "I Am the Resurrection" est lui-même un véritable chef-d’œuvre. Pourtant sa version d'origine, celle diffusée sur les radios FM et que l'on peut entendre sur la compilation "The Complete Stone Roses" (1995) n'a rien d'extraordinaire... Pendant 3'40" Reni tape comme un sourd sur sa batterie, Mani tient paresseusement sa ligne de basse pendant que John Squire enchaîne des riffs de guitare on ne peut plus classiques et Ian Brown se prend en toute modestie pour le Christ... un groupe et une chanson pop certes sympathiques mais sans génie particulier, comme tant d'autres...
Et puis tout à coup, il a dû se passer un truc lors de l'une des séances d'enregistrement... Le groupe venait-il de tester un nouveau restaurant indien dont la cuisine était particulièrement épicée ? L'herbe qui rend nigaud consommée pendant cette séance venait-elle de libérer son plein potentiel (et le leur par la même occasion) ? John Leckie a-t-il ajouté de la diéthyllysergamide dans leurs canettes de bière ? Des hordes de fans dépoitraillées ont-elles envahi le studio d'enregistrement ?
Quoi qu'il en soit, au bout de 3'40" Ian Brown se tait (et entre sans doute en transe), il pousse une deuxième paire de bras à Reni tandis que Mani et John Squire enclenchent les turboréacteurs, basse et guitare partent explorer d'autres horizons, d'autres mondes et nous emmènent avec elles...
Au bout de presque deux minutes (5'20") de ce trip intersidéral tout s'arrête (très) brutalement, nos compères se regardent sans doute hébétés et comprennent que pour ressusciter il faut d'abord mourir et que la plus belle mort c'est la petite mort...
Ils repartent donc de plus belle - plus haut, plus loin, plus fort - et au bout d'une longue minute (6'30"), après une inexorable montée du plaisir, la guitare électrique jouit ! Elle jouit de toutes ses cordes, de toutes ses fibres, emportée par un puissant orgasme qui dure une magnifique et interminable minute (et elle nous emporte avec elle !). Elle redescend ensuite sur terre en toute tranquillité pour nous laisser reprendre notre souffle, éberlués de ce qui vient de se passer pendant près de cinq minutes (8'12" au total), stupéfaits de découvrir qu'une guitare électrique peut jouir... et nous faire jouir :-D

Bonne Partouze ! ;-)

(1) Surtout vous n'avez pas envie de revenir à l'éclairage à la bougie ! Apprenez quand même à vos enfants à faire du feu avec des silex, ça pourrait bien leur servir dans un proche avenir...

(2) En tout cas à leurs débuts... car je les ai vus en concert à Toulouse (au Bikini !) en 1995 et je leur aurais bien collé quelques baffes ! Ils ont eu près de deux heures de retard (sans première partie...) et ont joué beaucoup trop fort pour la taille de la salle, nous en avons eu des acouphènes pendant plusieurs jours...

(3) Là je crois que je me suis un peu emballé !... Quelle magie de l'adolescence ?! WTF ?!? 8-O

(4) Durée originelle de l'album, la version remastérisée disponible sur les sites de streaming comportant un morceau supplémentaire de près de 10', "Fools Gold" qui - quoique de fort belle facture considéré intrinsèquement - arrive un peu comme un cheveu sur la soupe après le morceau clôturant initialement l'album en beauté, celui-là même qui fait l'objet de ce modeste billet...

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