D'heureuses coïncidences mènent parfois à des résultats extraordinaires.
Ainsi en 2011 le talentueux bassiste suédois Lars Danielsson (1958) et le jeune pianiste prodige arménien Tigran Hamasyan (1987) se sont rencontrés et ont joué ensemble en concert pour la première fois. Une semaine plus tard ils entraient en studio pour enregistrer un superbe album intitulé "Liberetto" (2012).

Ils y sont accompagnés de l'extraordinaire batteur Magnus Öström - l'une des 3 paires de bras de l'entité connue sous le nom d'Esbjörn Svensson Trio, du subtil guitariste britannique John Parricelli et du trompettiste norvégien Arve Henriksen dont la particularité est de tirer de sa trompette des sons proches de ceux de la flute japonaise shakuhachi...

Inutile de chercher dans un dictionnaire italien ou dans un lexique des termes musicaux le sens du titre de l'album qui est aussi celui du morceau que je vous propose cette semaine. "Liberetto" est un mot inventé par Lars Danielsson. “Ce néologisme décrit un certain état d'esprit dans lequel je veux créer ma musique", explique-t-il. “Ce mot est connecté à mes disques précédents, à la fois linguistiquement(1) et par son allusion à la terminologie de la musique classique. Il insiste sur la liberté que je veux constamment exprimer avec ma musique. Il en fait un livre ouvert.”

C’est une splendide réussite et je vous mets au défi de résister à l’envoûtante simplicité mélodique de "Liberetto". C’est du mineur… C’est simple, c'est mélancolique mais ça balance, c’est beau… c’est "Liberetto". Pas besoin d’en faire davantage… En quatre mesures tout est dit, et surgit l’évidence de la beauté(2).

Spéciale dédicace à Samuel Paty, R.I.P.

(1) "Libera Me" (2004), "Pasodoble" (2007) et "Tarantella" (2009).

(2) Cette semaine une grosse fatigue m'a conduit à piller sans vergogne la belle chronique de cet album écrite par Carole Massin pour Citizen Jazz.

Ecouter avec Deezer     Ecouter avec Spotify

Lars_Danielsson_-_Liberetto