Je crois que la sentence la plus percutante que j'ai jamais entendue dans une chanson est "Oh yeah, life goes on, long after the thrill of living is gone" qui est au coeur du refrain de "Jack & Diane", un vieux(1) tube (en tout cas aux USA) de John Mellencamp (sur l'album "American Fool" de 1982).

John Mellencamp, beaucoup plus connu aux USA qu'en France, a souvent fait figure de « Bruce Springsteen du pauvre » ce qui n'a en l'occurrence rien de péjoratif. Né en 1951 au fin fond de l'Indiana, marié une première fois à 17 ans à sa petite-amie enceinte de ses œuvres (il a cinq enfants de trois mariages différents), grand-père à 37 ans, il a beaucoup bu d'alcool et fumé d'herbe qui rend nigaud dans sa jeunesse, plus tard il a mangé n'importe quoi et fumé jusqu'à 80 cigarettes par jour lors de ses tournées...
Il a commencé sa carrière sous le nom de Johnny Cougar (!) car Mellencamp est un nom d'origine allemande qui ne faisait pas assez show-biz selon son manager de l'époque... Il est devenu John Cougar pour son troisième album homonyme puis John Cougar Mellencamp à l'occasion du septième ("Uh-Huh") pour laisser définitivement tomber le Cougar à la sortie de son onzième album "Whenever We Wanted"...
Il a patiemment bâti une œuvre(2) importante (24 albums à ce jour) qui lui a valu un succès aussi bien critique que public, son audience aux USA étant énorme. Intronisé au Rock and Roll Hall of Fame en 2008, considéré par Johnny Cash comme un des dix meilleurs auteurs américains de chanson, figure importante du rock américain des années 1980 au début du XXIème siècle, il est néanmoins toujours resté proche dans ses textes des aspirations de l'Américain ordinaire qu'il connait bien.
Billboard, le magazine américain de l'industrie du disque, estime qu'il est le plus important rocker "roots" de sa génération. Il a en effet introduit le violon, la cithare et l'accordéon dans la musique rock à égalité avec la guitare électrique, la basse et la batterie. Il a sublimé ses origines de péquenaud des Appalaches (il se qualifie lui-même de hillbilly) dans un rock'n'roll qui ne cherche pas à échapper à la réalité mais qui chante au contraire le vaste bordel qu'est l'existence...
Ses chansons parlent d'amour, de mort, d'angoisse, de fraternité, de crises et de prises de conscience, de fins de mois et de décisions difficiles, des joies et des peines de ceux qui luttent au quotidien pour se frayer un chemin dans la vie... Un rock'n'roll de vérité, vérité aussi bien de son auteur que de la civilisation qu'il décrit...

C'est le cas de la chanson de la semaine (pas vraiment une partouze, désolé ! ;-) ), "Jackie Brown" publiée en 1989 sur son dixième album et dernier en tant que John Cougar Mellencamp, "Big Daddy". C'est une belle chanson mélancolique (à nouveau !) qui parle de la pauvreté et de ses affres... La mélodie en est interprétée à la guitare mais on y entend aussi de l'accordéon, du violon (Lisa Germano !) et même du hautbois !
Vous n'aurez aucun mal à en trouver les paroles mais un passage du dernier couplet mérite qu'on s'y attarde tant il résume bien une opinion fort répandue et qui en trente ans n'a malheureusement pas régressé ; bien au contraire, il semble plutôt qu'elle soit plus en vogue que jamais :

But who gives a damn about Jackie Brown ?
Just another lazy man who couldn't take what was his.

Spéciale dédicace à tous les Jackie Brown et à tous les Jojo.

(1) D'aucuns trouvent que je parle trop de vieilleries sur ce blog et pas assez de ce qui se fait de nos jours... mais ici je fais ce que je veux, na ! On en reparlera ;-)

(2) Il est également peintre, autodidacte mais reconnu et exposé au USA. Il estime que s'il arrête un jour la musique il ne cessera jamais de peindre jusque dans ses vieux jours...

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John_Mellencamp_-_Big_Daddy