Après le déluge parisien de vendredi sous lequel j'ai eu l'ineffable plaisir de me retrouver(1), il a fait très beau dimanche à Paris. Ce retour inespéré de l'été a suscité un sursaut d'optimisme et de joie de vivre qui nous (ma partouzeuse préférée et votre serviteur) a poussé jusqu'à la Fondation Cartier afin d'y admirer "Mass" du sculpteur hyperréaliste Ron Mueck, une salle remplie d'empilements de crânes (humains) géants...(2)
Bref, vous l'aurez compris, hier soir je n'étais pas vraiment dans le mood pour une partouze ;-)

C'était sans compter sur ce coquin de hasard qui fait qu'en ce moment je lis les Maximes de La Rochefoucauld (je sais, ça en jette !) et qu'hier soir ma lecture (à petites doses quotidiennes) m'a conduit jusqu'à la maxime #449 :
« Lorsque la fortune nous surprend en nous donnant une grande place, sans nous y avoir conduits par degrés, ou sans que nous nous y soyons élevés par nos espérances, il est presque impossible de s’y bien soutenir, et de paraître digne de l’occuper. »
Qui aurait pu imaginer plus exacte description de la situation de Manu le Malin ?!...

En juin 1983, près de 2000 policiers se répandent dans Paris pour demander la démission du ministre de la Justice Robert Badinter. Les policiers en veulent au garde des Sceaux qu’ils tiennent pour responsable de la mort de leurs deux collègues abattus par le groupe armé Action Directe quelques jours plus tôt. Depuis sa nomination, l’homme politique et brillant avocat est détesté par la police. Ils lui reprochent surtout l’abrogation de la peine de mort, mais aussi la suppression des tribunaux militaires ou encore celle de la loi anti-casseurs, et la loi d’amnistie de 1981. Pour ces policiers, Robert Badinter est le responsable d’une justice laxiste.
Dans Paris, les policiers, parfois armés, forcent les barrages des gendarmes mobiles, qu’ils appellent à les rejoindre en vain, et atteignent la place Beauvau en criant des slogans à l’encontre du ministre de la Justice et du ministre de l’Intérieur.
La réponse du président François Mitterrand(3) et de son gouvernement ne se fait pas attendre. Quatre jours plus tard, le directeur général de la police nationale est limogé, le préfet de police de Paris démissionne et plusieurs leaders syndicaux sont sanctionnés.
Le lendemain, dans une interview télévisée, François Mitterrand apporte son soutien au ministre de la Justice et assume les sanctions prises pour des actes qu’il qualifie de « séditieux ». « Si certains policiers, une minorité agissante, ont manqué à leur devoir, le devoir des responsables de la République c’est de frapper et de faire respecter l’autorité de l’État », affirme-t-il.
Depuis, en quarante ans, la justice a plusieurs fois été la cible des syndicats de police. Jamais la réponse politique n’a été aussi ferme...

Dans la France apaisée de juillet 2023, un ministre de l'Intérieur accusé de viol défend avec la complicité d'un ministre de la Justice mis en examen pour prise illégale d'intérêt des policiers en arrêt maladie frauduleux qui veulent pouvoir tabasser la population en toute impunité.
Cette France a un visage sacrément cabossé et il n'est pas facile à regarder en face.

"I Am Enough for Myself" (Je me suffis à moi-même) est une très belle chanson de Sinead O'Connor publiée en 1997 sur un EP de 6 titres, "Gospel Oak". Ce petit album (22 minutes) est à part dans sa discographie, pas son plus connu et de loin, un disque étonnamment apaisé, essentiellement acoustique, faisant la part belle aux instruments traditionnels irlandais, un parfait écrin pour sa superbe voix.
Sinead O'Connor n'a pas été gâtée par l'existence mais elle est partie en nous laissant une œuvre (10 albums studio) de toute beauté, merci à elle, RIP.

Spéciale dédicace à Karine qui a fêté son anniversaire jeudi dernier et à mon frère Karim dont ce sera l'anniversaire mercredi... Bonne Partouze Joyeux Anniversaire Karine & Karim ! :-D
Bonne Partouze à tous·tes 8-)

(1) Malgré la succession d'averses qui avait émaillé toute la journée, vers 19h00 ma partouzeuse préférée - avec le charmant mélange d'optimisme forcené et de déni de la réalité matérielle qui la caractérise et ne cessera jamais de m'enchanter - avait décrété à l'occasion d'une accalmie que le moment était idéal pour aller au cinéma... mes chaussures ont mis 48h à sécher ! ;-)

(2) Eh ouais, on sait s'amuser à La Partouze Musicale ! 8-)

(3) Un nom depuis toujours haï à droite et que conspue désormais une partie de la gauche, celle qui est plus soucieuse de pureté que d'efficacité et qui a oublié que sans bras, pas de chocolat !...

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Sinead_O_Connor_-_Gospel_Oak