Situation inédite : week-end pascal (propice au recueillement à une orgie de chocolat), première semaine de vacances écoulée pour la zone C, début des vacances de printemps pour la zone B... et les CSP+, mes semblables, mes frères sont confinés chez eux(1) !?
Alors que d'ordinaire les CSP+ sont agiles, mobiles, nomades même !
Pour les CSP+, mes amis, mes frères, les vacances sont synonymes de voyages, de dépaysement, de petits marchés typiques, de restos branchés, de bars underground, d'adresses secrètes, de compagnies aériennes low cost, d'AirLogisTM et de miles...
Et v’là-t’y pas qu'ils se retrouvent gros-jean comme devant, coincés chez eux comme de vulgaires prolétaires (pléonasme) !? (2)
Porca miseria !!! (3)

Heureusement La Partouze Musicale est là ! Notre équipe a décidé de tout mettre en œuvre pour vous aider à traverser cette épreuve, quitte à vous faire voyager virtuellement... car le virtuel, le 2.0, le sans contact c'est l'avenir mes amis ! La Partouze Musicale est partageuse (pléonasme) et va vous faire généreusement profiter des bons plans dénichés par les membres de son réseau international de correspondants.
Cette semaine nous commençons par une destination des plus pointues en nous rendant aux confins de l'Union Européenne(4) pour découvrir la culture ô combien singulière des Pays Baltes en compagnie de l'ami Wladimir(5), notre spécialiste de la culture russe.
En effet, bien qu'indépendants depuis 1991 et membres de l'UE et de l'OTAN depuis 2004, les Pays Baltes n'ont pas complètement tourné le dos à Moscou. Quand on a le regard tourné vers l'Atlantique (par-delà la mer Baltique...) mais que l'on dépend pour son approvisionnement énergétique (pétrole et gaz naturel) de pipelines provenant tous de Russie, on applique fort lucidement la maxime ricaine "don't shit where you eat"...

Les pays baltes s'étendent sur 175 000 km² (moins du tiers de la superficie de la France métropolitaine), avec une population de moins de 7 millions d'habitants (le dixième de la population française). L'estonien est une langue finno-ougrienne (apparentée au finnois) alors que le letton et le lituanien sont des langues indo-européennes, les trois langues utilisant l'alphabet latin. Qui plus est, des minorités russophones (utilisant donc l'alphabet cyrillique) sont encore bien présentes.
La Lituanie est à majorité catholique tandis que l'Estonie est protestante ; en Lettonie, les deux religions coexistent au côté de la religion orthodoxe.
Malgré ces disparités, il existe une véritable unité culturelle balte, visible par exemple dans l'architecture hanséatique des grandes villes comme Tallinn, Rīga ou Vilnius.(6)

La musique a une place fondamentale dans la culture balte. Les Estoniens ont ainsi été qualifiés de « Peuple chantant ». Le premier festival pan-estonien de chant a eu lieu en 1869 à Tartu, où près de mille chanteurs et musiciens venus de tout le pays furent réunis. Aujourd'hui cette fête rassemble trente mille chanteurs et musiciens devant un public de 200 000 personnes. Ces traditions ont inspiré en 1988 la « révolution chantante » : c'est en chantant que l'Estonie s'est libérée du joug soviétique ; pas de guerre des étoiles, pas de blindés, encore moins d'armes de destruction massive... mais des chansons ! Apothéose : en 2001, l'Estonie a remporté l'Eurovision ! (mais avec une chanson en anglais...)
Environ la moitié des Lettons soit a suivi les cours d'une école de musique, soit chante dans un chœur, soit sait jouer d'un instrument ! L'Opéra national et l'Orchestre symphonique national sont fréquentés par une grande partie de la population... Les festivals nationaux lettons du Chant et de la Danse sont d'importants événements dans la vie culturelle de la Lettonie et ont lieu tous les cinq ans depuis 1873.
Les Lituaniens ne sont pas en reste avec un folklore riche de polyphonies vocales et instrumentales jouées sur des instruments typiques (que vous pouvez vous faire livrer par amazon.lt, même pendant le confinement !).
Les célébrations de chants et danses baltes organisées en Estonie, Lettonie et Lituanie ont à juste titre été inscrites dans la liste des chefs-d’œuvre du patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l'UNESCO.

Il y a quelques jours, l'ami Wladimir m'a envoyé un petit message QuoiAppTM qui tenait en une ligne lapidaire - "Une jolie vidéo pour le petit coquinou de partouzeur que tu es !" - accompagnée d'un lien vers un petit (2'44") mais très dense vidéoclip estonien (!) qui s'est avéré être l'un des plus singuliers qu'il m'ait été donné de voir... mais je n'étais qu'au début de mes surprises !
Attention - PEGI 18 - ça dépote ! 8-O Surf on her underwear...

*

L'estonien Tommy Cash (également stylisé en TOMM¥ €A$H) est rappeur et artiste conceptuel (mais ça je pense que vous l'aviez déjà compris !). Passionné de mode décalée (vous avez sans nul doute flashé sur son kilt) et danseur freestyle, il intègre cette pratique sur scène comme dans ses clips. Clips qu'il réalise lui-même comme un grand garçon et qui sont de véritables ovnis visuels. Son univers provocateur mélange singulièrement hip-hop et esthétique du bloc de l'Est.
Le clip de sa chanson "Winaloto" (ci-dessous) est considéré par certains spécialistes comme faisant passer Die Antwoord(7) pour "des petits joueurs"... À l'instar d'Obélix, il semble que lorsqu'il était enfant Tommy Cash soit tombé dans une marmite contenant quelque chose de très très puissant et que les effets en soient permanents...
Comme fort justement décrit ailleurs, voilà ce qui va inévitablement se passer dans l'immédiat : vous allez cliquer sur play. Vous allez passer 3 minutes et 28 secondes en vous demandant toutes les 5 secondes « c'est quoi ce délire ? » Vous resterez ensuite 10 secondes à fixer votre écran, la mâchoire dévitalisée, tentant de comprendre le degré de bizarrerie de ce que vous venez de voir et la raison pour laquelle vous avez à ce point kiffé (ou pas). OO i think i win a lotto can u believe me brother like foreal... 8-O
Et vous allez (peut-être) rappuyer sur play.

*

Pour vous aider à vous remettre de ce véritable traumatisme (!), j'aurais pu paresseusement vous proposer un morceau du glorieux compatriote de Tommy Cash qu'est Arvo Pärt... mais c'eût été trop facile et à La Partouze Musicale on n'aime pas la facilité, on préfère les filles faciles(8) ! :-D
A la place je vous propose de découvrir l'art du compositeur letton Pēteris Vasks. Grand compositeur contemporain, Vasks descend de Chostakovitch au même titre que ce dernier descendait de Mahler. Il est très sensible aux sujets environnementaux et plusieurs de ses œuvres sont des élégies à une nature primitive ou détruite(9). Il définit ainsi sa musique : « De nos jours, la plupart des gens ne possèdent plus ni croyances, ni amour, ni idéaux. Mon intention est de donner un aliment à l'âme… ».
L’œuvre abondante de Pēteris Vasks comporte cinq quatuors à cordes, dont le quatrième a été composé pour le célèbre Kronos Quartet en 1999 (publié en 2003). Le cinquième et dernier mouvement ("Méditation") de ce quatrième quatuor est une pure merveille que Vasks a réarrangé pour violon et orchestre à cordes en 2006, puis pour trio avec piano en 2019. Cette dernière version, intitulée "Lonely Angel" ("Vientulais engelis") ouvre le bel enregistrement de ses œuvres que ses compatriotes du Trio Palladio ont tout récemment publié ("Works for Piano Trio", 2020). Eva Bindere (au centre sur la photo ci-dessous) est au violon, Kristina Blaumane au violoncelle et Reinis Zarins au piano.

Vous avez suffisamment partouzé avec les deux documentaires ethnographiques ci-dessus, place à un peu de solitude angélique pendant quinze minutes (à savourer idéalement au casque).
Fermez les yeux (vous en avez bien assez vu), détendez-vous (vous en avez bien besoin). La Partouze Musicale prend soin de vous :-)
Bonnes « vacances apprenantes »TM
(pour les zones B & C)

Spéciale dédicace à l'ami Guillaume qui m'a fait découvrir la scène rap underground balte ;-)

(1) Ou dans leur résidence secondaire pour ceux qui en ont et qui ont détalé dès les premières rumeurs de l'imminence d'un confinement...

(2) CSP+ mon frère, toi qui chougne parce que ton patron t'a gentiment (!) demandé de prendre quelques jours de congés en avril - comme une ordonnance du Comité de salut public l'y a récemment autorisé - je te donne un conseil d'ami : ne t'avise pas de lui expliquer qu'un jour de congé confiné n'est pas vraiment un jour de congé... comme il est plus malin que toi (je te rappelle que nous sommes en méritocratie) il pourrait fort astucieusement te rétorquer qu'une journée de télétravail n'est donc pas vraiment un journée de travail...

(3) E' molto più chic in italiano ! Eh oui le CSP+ est polyglotte... 8-)

(4) Pas de bol, au moment où a éclaté la pandémie de Covid-19, la Commission Européenne s'apprêtait à lancer une grande campagne de communication, conçue pendant le mandat de Jean-Claude "Banskter" Juncker, censée la réconcilier avec ses concitoyens et dont le slogan percutant (bien évidemment en anglais, peu importe que le Royaume Uni ait quitté l'UE) devait initialement être "Banks matter, people dont't !". Avec Ursula "Rosa" von der Leyen, l'humanisme d'Érasme est fort heureusement de retour en Europe (nos amis italiens ont été les premiers à le constater) et le slogan est devenu in extremis "Banks first, people next. One day. Maybe".

(5) Certains de nos distingués lecteurs le connaissent également sous le pseudonyme de Guigui ; Fermat représente ! ;-)

(6) Ce paragraphe et le suivant ont été pompés sans aucune vergogne sur Wikipédia... Doigts en forme de cœur pour Wikipédia ! :-)

(7) Comment ça, vous ne connaissez pas Die Antwoord et la délicieuse Yo-landi Vi$$er ?! On en reparlera sans doute... ;-)

(8) J'ai hésité... mais je n'ai finalement pas pu résister à ce bon mot bien que je n'aime pas vraiment cette expression qui malheureusement reste encore connotée négativement... Mais je pense qu'on commence à se connaître un peu et que vous voyez bien ce que je veux dire ! ;-)

(9) La mer Baltique est victime de pollution marine, d'eutrophisation et comporte des zones mortes...

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Peteris_Vasks_-_Works_for_Piano_Trio