La Partouze Musicale

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dimanche 12 février 2023

La Partouze Musicale #146 (2023/06)

Eh les gars c'est incroyable (sur le ton de Djamil le Schlag), la semaine dernière ça a clashé sur le net entre Beyoncé... et Valérie Pécresse !? 8-O

Paraîtrait que les fans français de Beyoncé sont furieux. La star américaine, devenue dimanche 5 février l'artiste la plus couronnée de tous les temps aux Grammy Awards, annule sa seconde date de concert, initialement prévu à Paris au Stade de France le 27 mai. La société de production qui organise l'événement, Live Nation, invoque des travaux menés par la SNCF ce week-end là sur le tronçon nord du RER B (la routine en région parisienne). Travaux qui empêcheraient de transporter les spectateurs jusqu'au show de Beyoncé...

"J'ai reçu de nombreux messages de fans de Beyoncé extrêmement déçus par l'annulation de sa deuxième date de concert à Paris", a réagi sur Tik Tok et Instagram (!) ce mercredi 8 février la (divine) présidente de la région Ile-de-France Valérie Pécresse (qui ne se contente pas d'être in mais est aussi online). "Je n'y suis rigoureusement pour rien", assure-t-elle dans une vidéo avec, en fond sonore, la célèbre musique de Queen B et Jay Z, "Crazy in Love" (car Valou est résolument branchée).

J'ai le dos large, mais faut pas charrier", répond Valérie Pécresse (qui sait parler le populo quand il le faut), présidente d'Ile-de-France Mobilité (IDFM), l'autorité qui gère les transports dans la région. "Les dates de travaux des transports qui amènent au Stade de France (...) sont connues deux ans à l'avance et tous les producteurs d'événementiel le savent", souligne-t-elle le sourcil froncé (j'adore quand Valou fronce le sourcil !).

Le patron de Live Nation France, Angelo Gopée, déplore cette situation. "On nous a dit dès le départ qu'il n'y aurait que le vendredi 26 mai de possible. Ce n'est donc pas un manque à gagner financier pour nous, on le savait, c'est un manque à gagner pour les spectateurs", assure-t-il à l'AFP (un nouveau concept capitaliste : le manque à gagner pour le consommateur). "Il y a une telle demande pour Beyoncé, c'est phénoménal, on aurait pu remplir le Stade de France le 27 mai", selon lui (trop dommage ! Cheh dirait à nouveau Djamil le Schlag).

En effet, les billets pour les deux seuls concerts de Beyoncé à Paris, le 26 mai, et Marseille, le 11 juin, sont partis en 50 minutes à peine. Quelque 320 000 personnes se trouvaient dans la file d'attente virtuelle. "Moi j'adore Beyoncé, je lui dis bienvenue en Ile-de-France, mais la prochaine fois, il faudra prendre un producteur qui vérifiera que le stade est disponible à la bonne date", conclut Valérie Pécresse(1), sur ce ton mi-maîtresse d'école mi-dominatrice SM qui me rend complètement dingo.

"Crazy in Love" est une reprise du morceau Beyoncé et Jay Z qui clôt l'album "novö piano" de Maxence Cyrin publié en 2009. Il s'agit d'un court (34 minutes seulement) mais superbe album composé de 10 reprises où ce pianiste atypique s'approprie des tubes électro, pop ou rock (des Pixies à Beyoncé en passant par Cocteau Twins, Daft Punk et Nirvana) qu'il digère en les teintant en noir et blanc, entre Satie et Debussy ou Ravel. Plus que des reprises, c’est plutôt une entreprise de perdition qui s’opère ici. Il s’agit de détacher les morceaux de leurs sources, de les déraciner pour mieux les faire voyager dans le temps, de leur donner la liberté qu’ils n’ont pas eue au départ, souvent formatés par leur époque. Le virtuose transforme ces tubes en comptines tristes et envoûtantes(2).

Envoûtantes... comme Valérie Pécresse bien sûr !
Got me looking so crazy right now 8-)

Bonne Partouze à tous·tes  ! ;-)

(1) En rouge et noir : Si l'on m'avait conseillée / J'aurais commis moins d'erreurs / J'aurais su me rassurer / Toutes les fois que j'ai eu peur (...) En rouge et noir, mes luttes mes faiblesses / Je les connais, j’voudrais tellement qu'elles s'arrêtent / En rouge et noir, drapeau de mes colères / Je réclame un peu de tendresse (...) Si l'on m'avait conseillée / Tout serait si différent / J'aurais su vous pardonner / Je serais moins seule à présent...

(2) Passage éhontément pompé sur les Inrocks... mais réécrit en mieux ! Eh oui, on a le plagiat modeste à La Partouze Musicale ! ;-)

Maxence_Cyrin_-_novo_piano

dimanche 1 janvier 2023

La Partouze Musicale #143 (2022/52)

Après ma semaine de covid carabiné, j'ai enchaîné sur une semaine de convalescence raplapla (super vacances !) pendant laquelle j'ai cependant retrouvé le goût de la lecture ;-)
J'ai notamment lu un petit livre - petit par la taille mais grand par le contenu - que je vous recommande chaudement : "Espèces d'Espaces" de Georges Perec, publié en 1974. C'est un ouvrage qui n'a qu'un seul défaut à mon humble avis : sa forme très originale pourrait reléguer au second plan la profondeur de son fond. Dans une langue des plus accessibles et sous une forme originale se cache en effet une réflexion très profonde sur notre rapport à l'espace, toutes les formes d'espaces puisque sont tour à tour traités la page, le lit, la chambre, l'appartement, l'immeuble, la rue, le quartier, la ville, la campagne, le pays, l'Europe, le monde et enfin L'ESPACE...

Un passage m'a particulièrement frappé, le paragraphe par lequel s'achève le chapitre XII. Le Monde :
« Que peut-on connaître du monde ? De notre naissance à notre mort, quelle quantité d’espace notre regard peut-il espérer balayer ? Combien de centimètres carrés de la planète Terre nos semelles auront-elles touché ?
   Parcourir le monde, le sillonner en tous sens, ce ne sera jamais qu’en connaître quelques ares, quelques arpents : minuscules incursions dans des vestiges désincarnés, frissons d’aventure, quêtes improbables figées dans un brouillard doucereux dont quelques détails nous resteront en mémoire : au-delà de ces gares et de ces routes, et des pistes scintillantes des aéroports, et de ces bandes étroites de terrains qu’un train de nuit lancé à grande vitesse illumine un court instant, au-delà des panoramas trop longtemps attendus et trop tard découverts, et des entassements de pierres et des entassements d’œuvres d’art, ce seront peut-être trois enfants courant sur une route toute blanche, ou bien une petite maison à la sortie d’Avignon, avec une porte de bois à claire-voie jadis peinte en vert, la découpe en silhouettes des arbres au sommet d’une colline des environs de Sarrebrück, quatre obèses hilares à la terrasse d’un café dans les faubourgs de Naples, la grand rue de Brionne, dans l’Eure, deux jours avant Noël, vers six heures du soir, la fraîcheur d’une galerie couverte dans le souk de Sfax, un minuscule barrage en travers d’un loch écossais, une route en lacets près de Corvol-l’Orgueilleux… Et avec eux, irréductible, immédiat et tangible, le sentiment de la concrétude du monde : quelque chose de clair, de plus proche de nous : le monde, non plus comme un parcours sans cesse à refaire, non pas comme une course sans fin, un défi sans cesse à relever, non pas comme le seul prétexte d’une accumulation désespérante, ni comme illusion d’une conquête, mais comme retrouvaille d’un sens, perception d’une écriture terrestre, d’une géographie dont nous avons oublié que nous sommes les auteurs. »

Rien à rajouter, je vous propose simplement d'écouter la superbe version jazz pour deux pianos d'"Around the World in a Day" proposée par Ray Lema et Laurent de Wilde sur l'album "Riddles" en 2016. Il s'agit de la chanson (pop, psychédélique et orientalisante) qui ouvre et donne son titre au superbe septième album de Prince(1) publié en 1985, un de mes albums préférés de Prince 8-)

Que 2023 exauce tous vos vœux et, si d'aventure ce n'était pas le cas, le service après-vente peut être contacté ici.

Spéciale dédicace toute particulière à Claudine, ma belle-mère et néanmoins fidèle partouzeuse de la première heure dont ce sera l'anniversaire jeudi.
Bonne Année et Bonne Partouze à tous·tes  ! ;-)

(1) Ah non, pas de lien hypertexte pour savoir qui est Prince... non mais et puis quoi encore ?! 8-O

Ray_Lema_Laurent_de_Wilde_-_Riddles

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