La Partouze Musicale #10 (2019/37)
Par La Partouze Musicale le dimanche 15 septembre 2019, 19:45 - Lien permanent
On n'est pas sérieux quand on a 17 ans... et à 17 ans je n'aimais pas le rock français, ni la variété française d'ailleurs... en fait je n'aimais pas comprendre les paroles ! Je les trouvais trop mièvres ou trop bêtes (1), bref j'étais (un peu) con... et puis un beau jour de ma 17ème année j'ai découvert (je ne sais plus vraiment comment) Marc Seberg et son album "Le Chant des Terres" (1985), quelle claque mes amis !
Marc Seberg n'est pas une personne mais un groupe de rock formé en 1981 par le chanteur Philippe Pascal et le guitariste Anzia après la séparation du groupe rennais Marquis de Sade qui a marqué une étape importante dans l'histoire du rock français. Ils furent bientôt rejoints par Pierre Thomas (batterie), Pierre Corneau (basse) et Pascale Le Berre (claviers). Le groupe s'est séparé en 1992 après 4 albums remarquables (tous remastérisés par Pascale Le Berre en 2017) dont "Lumières & Trahisons" qui a bien failli leur apporter le succès tant mérité... Philippe Pascal et Pascale Le Berre ont ensuite sorti un bel album sobrement intitulé "Philippe Pascale" en 1994 (lui aussi remastérisé en 2017) puis ont tiré leur révérence avec la sobre élégance qui les caractérisait...
J'ai vu le duo Philippe Pascale sur scène, au Bikini à Toulouse, en 1995 je crois, en compagnie de l'ami Philippe C. Philippe Pascal avait la partouze triste, il semblait bien imbibé et pas que d'alcool... un chanteur romantique qui aurait préféré ne pas l'être. Modeste et taquin, dans un entretien accordé à Télérama à l'occasion de la reformation temporaire de Marquis de Sade en 2017 pour quelques concerts exceptionnels (que j'ai malheureusement ratés !), il prétendait que la meilleure chanson qu'il ait écrite était "Recueillement" (un poème des "Fleurs du Mal" de Charles Baudelaire !).
Philippe Pascal a été retrouvé mort à l’âge de 63 ans, à son domicile rennais, la semaine dernière ; c'est justement l'ami Philippe C qui me l'a annoncé vendredi par un texto dont la lecture m'a serré le coeur
Pour lui nul chant mais le vide.
Pour lui nulle vie, quelques cendres.
Pour lui plus rien
et pour moi c'est Décembre,
l'éternel Décembre. (2)
Merci pour tout Philippe Pascal. En ta compagnie les partouzes étaient certes mélancoliques mais putain qu'est-ce qu'elles étaient belles ! Repose en paix l'ami.
Spéciale dédicace à Philippe C ainsi qu'à Claudine Ch qui collectionne les éditions des Fleurs du Mal.
(1) C'était bien avant de découvrir Les Franglaises et leurs hilarantes traductions littérales de tubes anglophones !
(2) "Décembre", chanson de l'album "Lumières & Trahisons" (1987).
Commentaires
Certes les partouzes avec Philippe Pascal étaient mélancoliques mais est-ce que finalement ce n'est pas le mode mineur qui leur sied le mieux ?
J’étais à Rennes pour le concert de la reformation de Marquis de Sade en 2017, formation que j’ai beaucoup écouté adolescent mais que je n’avais jamais vu sur scène, trop jeune à l’époque.
Quel plaisir ce fut de retrouver Philippe Pascal, certes l’homme avait vieilli, les cheveux grisonnants, le visage de plus en plus émacié et ridé, un personnage de Schiele sorti de sa toile mais quelle beauté, quel magnétisme. Et malheureusement aussi quelle fragilité…
L’homme est parti, une partie de mon adolescence avec, restent heureusement en testament quelques dizaines de morceaux à réécouter certains matins de décembre.
Merci pour ce bel hommage et espérons que le post de la semaine prochaine soit plus joyeux ! Tu as pensé à la compagnie créole ? décalecatan décalecatan ohé ohé
Merci pour ce partage et ce bel hommage !
C’est un peu décembre en avance pour moi aussi !
« Sans toi le temps s'étire se ralentit
jusqu'au plus profond de l'ennui
Sans toi toutes les couleurs de fanent ! »
Philippe Pascal
Condoléances. Étonnant comme certains artistes sont fondateurs de nos émotions et de nos personnes, à tel point qu’on se sent orphelin lorsqu’ils disparaissent.
Je n’écoutais pas Marquis de Sade et ne connaissais pas Marc Seberg. Mais à l’époque de tes 17 ans, j’écoutais un ami musicien de Philippe Pascal, rennais lui aussi, qui lui a rendu un bel hommage d’ailleurs : Etienne Daho.
Voici un de mes tubes préférés de cette époque, extrait de l’album Pop Satori : http://www.deezer.com/track/3119750
Je ne connais pas tous ces gens, mais j'ai moi aussi la partouze mélancolique (mon groupe préféré est The Cure, c'est tout dire, dont j'ai d'ailleurs eu l'agréable surprise d'en écouter un morceau dans le film que tu nous as conseillé la semaine dernière, About Time, qui m'a bien plu nonobstant le léger agacement teinté d'envie de voir des gens si heureux, mais le message passe, c'est l'essentiel, depuis j'ai décidé d'arrêter de revivre le même jour deux fois et d'apprécier dés la première) (et digressive), et j'ai bien apprécié cette chanson. Désolé, j'avais envie de faire une phrase compliquée en français, je n'en ai pas souvent l'occasion au Japon.
C'est par ton billet que j'apprends sa mort
"...En une fine pellicule de poussière un peu sale
Comment retrouver le temps d'une danse
Tous les clichés d'une romance
Et comment oser faire rimer l'amour
L'amour avec dernier recours"
Je le regretterai.