La Partouze Musicale #53 (2020/29)
Par La Partouze Musicale le dimanche 19 juillet 2020, 19:45 - Lien permanent
Je me souviens très bien avoir découvert "Tigerlily", superbe premier album solo de Natalie Merchant (publié en 1995), un ou deux ans après sa sortie, lors d'un week-end passé chez l'amie Pascale où il avait tourné en boucle sur la platine CD chaque soir pendant de longues heures (l'amie Pascale est très bavarde ) tandis que nous refaisions le monde...
Vingt ans plus tard, après cinq autres albums (précédés de cinq autres avec les 10,000 Maniacs), Natalie Merchant a eu envie de revisiter son premier album solo. Elle ne l'a pas remastérisé comme cela se fait si souvent mais l'a intégralement réenregistré, créant une nouvelle version de chaque chanson en remplaçant les instruments électriques par des instruments acoustiques et en rajoutant à certains morceaux des arrangements pour quatuor à cordes.
Le principal changement, à la fois subtil et profond, audible et impalpable, est que cette nouvelle version n'est pas interprétée par Natalie Merchant, jeune femme à l'aube de la trentaine mais par Merchant Natalie, femme mûre entrée dans la cinquantaine.
Ce disque s'intitule "Paradise Is There: The New Tigerlily Recordings" et il m'a bouleversé. Ce n'est que tout récemment (et par le plus grand des hasards !...) que je l'ai découvert et c'est une expérience singulière d'écouter un disque autant apprécié et autant écouté pendant vingt ans mais dans une nouvelle version rendant pleinement concrètes les vingt années écoulées...
Ce n'est pas à franchement parler un disque solaire, le seul morceau réellement joyeux est "Where I Go" et la plupart des titres sont mélancoliques... (Ils l'étaient déjà il y a vingt-cinq ans !) L'extrait que je vous propose d'écouter est une (très) belle chanson triste, "Beloved Wife". Natalie Merchant y donne la parole à son grand-père, inconsolable veuf après cinquante années de partouzes mariage... Le cœur brisé, il ne survécut pas longtemps à sa bien-aimée... Une belle chanson (triste mais belle - mais triste - oui mais très belle !) sur une belle histoire d'amour, un amour proche de la dévotion.
Je ne suis pas le dernier à avoir souvent le sentiment qu'en vingt-cinq ans les choses n'ont pas vraiment évolué dans le bon sens...
Il existe pourtant quelques signes tangibles que petit à petit, lentement mais sûrement, certaines choses s'améliorent... qu'il nous est possible d'être collectivement et individuellement moins cons, moins nuisibles, plus sereins et plus bienveillants...
Par exemple, il y a deux semaines, l'amie Pascale (toujours aussi bavarde) s'est mariée. Elle a convolé en justes noces avec Agnès, sa bien-aimée
Spéciale dédicace également à Sylvie dont ce sera l'anniversaire mercredi. D'avance
Un grand merci à Michaëla (a.k.a. Michou 007), Ali, Séverin, Pierre-Jean et David pour leurs sympathiques commentaires suite au précédent billet
Commentaires
C'est une chanson magnifique, en effet... Et il est vrai que la meilleure part de soi, c'est souvent l'être que l'on aime.
C'esr triste mais magnifique! Je l'ai écoutée en boucle.Merci pour ce moment.
Tigerlily est un superbe album en effet, et "My beloved wife" n'en est pas la moins marquante des chansons ! J'adore la puissante voix de cette femme.
"Paradise is there", je présume, fait référence à "San Andreas Fault", le titre qui ouvre l'album :
"Go West! Paradize is there
You'll have all that you can eat
Of milk and honey hover there
You'll be the brighter star the world has ever seen
The dizzy light of a jetset life ..."
Je trouve l'expérience super intéressante de tout ré-enregistrer comme ça à plus de 20 ans d'intervalle.
Ca me fait penser à Glenn Gould. Célébré très jeune, en 1955 je crois, pour son interprétation des Variations Goldberg (lors d'un concert d'à peine une demi-heure) il en a refait l'enregistrement en 1981, et il en est sorti un magnifique disque de plus d'une heure, beaucoup plus paisible que le premier, beaucoup plus aéré, dont il a dit qu'il en ressortait "comme une paix automnale". L'expérience est touchante parce qu'elle donne l'impression d'un artiste qui fait un peu ses comptes, qui veut boucler la boucle, qui veut dresser le bilan... (je ne dis pas que Natalie Merchant ne va plus rien enregistrer, et je ne le lui souhaite pas !)