Aujourd'hui je ne peux que vous proposer d'écouter le morceau qui m'obsède depuis que je l'ai découvert le 30 mars. Il a instantanément rejoint la playlist de mes morceaux préférés (dont Deezer a récemment porté la limite de 2000 à 10000, ça va guincher dirait Jean Castex !) et je l'écoute depuis lors plusieurs fois par jour sans m'en lasser. Bien au contraire, je crois que plus je l'écoute plus j'aime l'écouter et mes (longues) séances de (télé)travail sont désormais émaillées de pauses dansantes où mon salon/bureau se transforme pendant 4'45" en boîte de nuit... 8-)

Je n'ai jamais aimé les boîtes de nuit parce que la musique y est beaucoup trop forte. La dernière fois que j'y suis allé, c'était au printemps 2018, à l'occasion d'un enterrement de vie de garçon(1) et je n'y suis pas resté quinze minutes... C'était une boîte de nuit en sous-sol (en plein centre de Bordeaux) et le plafond bien trop bas combiné au volume sonore extravagant transformait pour moi l'endroit en oppressante prison sonore :-(

Étant un garçon je n'ai jamais appris à danser... parce qu'on n'apprend pas à danser aux garçons et que danser c'est pour les filles... Ne correspondant pas non plus aux canons de la beauté masculine je n'ai jamais été à l'aise avec mon corps... Maigrichon(2), binoclard et timide, je n'ai longtemps dansé qu'en solitaire, dans ma chambre. Il y a cependant toujours eu des morceaux de musique pour me donner une envie irrépressible de bouger, même sur place, même assis. Avec le temps j'ai appris à faire fi du regard d'autrui, à m'oublier sur la piste de danse et à me laisser porter par l'incroyable plaisir procuré par le corps en phase avec la musique, bref partouzer ! 8-)
Mais je n'aime toujours pas les boîtes de nuit ;-)

Je comprends cependant tout à fait qu'elles puissent manquer aux amateurs. Elles sont fermées depuis plus d'un an, encore plus longtemps que tous les autres lieux consacrés aux loisirs, à l'art et à la culture...Tous ces lieux dont nous tenons l'existence pour acquise parce que nous les avons toujours connus... mais n'avons-nous pas toujours connu des disquaires(3) ? Vous êtes-vous émus de leur disparition ? Peut-être à la lecture de "Vernon Subutex"(4), sans doute pas du tout, il faut bien vivre avec son temps...

Toutes ces choses que nous tenons pour acquises, c'est justement un des thèmes de "Marea (We’ve Lost Dancing)", morceau taillé pour la fête, issu de la collaboration de deux musiciens électroniques de talent: le Londonien Fred John Philip Gibson alias Fred again… (élu producteur de l'année aux Brit Awards 2020, excusez du peu) et l’Américaine Marea Stamper alias The Blessed Madonna ("one of the world’s most exciting turntablists", j'adore cette formule !). Sur une production house mélancolique mais puissante, l'atypique DJ américaine dresse un bilan pas folichon de la situation actuelle du monde de la nuit: la perte de la danse, de la fête, des embrassades entres amis et des gens aimés...

C'est un morceau qui m'a fait penser au meilleur de New Order, à la fois mélancolique et terriblement entraînant (bien que fort différent de la production de mes mancuniens préférés !). Ce paradoxe s'avère redoutablement efficace ! Son écoute au casque est particulièrement hypnotique, je vous conseille aussi de l'écouter avec de bonnes grosses enceintes à l'ancienne (pas une pathétique enceinte connectée mono !) en montant le son pour une belle séance de transe... 8-)

Depuis novembre 2019, nombreux sont ceux qui ont perdu bien plus que la danse, la fête ou les embrassades. Certains ont perdu des gens aimés, des proches, d'autres ont perdu leur travail, leur revenu ou leur raison de vivre. Ayons une pensée pour eux et espérons - comme The Blessed Madonna en conclusion de "Marea (We’ve Lost Dancing)" - que « ce qui arrivera ensuite sera merveilleux ».

Rêvons un peu. Montez le volume. Bonne Partouze à tous !

(1) Il y a encore des fous pour se marier dans mon entourage et à 40 ans passés qui plus est ! ;-)

(2) Enfant, je n'aimais pas manger (ça a bien changé depuis !) et mon père me disait "Mange ! Il faut manger pour être costaud parce que les femmes aiment les hommes costauds !"... Françoise Dolto, sors de ce corps !
Fort heureusement, il s'est avéré que les femmes sont bien plus gourmandes que ça et qu'elles aiment toutes les saveurs d'homme disponibles en boutique ;-)

(3) Ce lien est pour nos plus jeunes lecteurs qui ne voient sans doute pas bien de quoi il s'agit ;-)

(4) Si vous n'avez pas déjà lu cette jubilatoire trilogie, je vous la recommande chaudement, d'autant plus que comme partouze musicale c'est de très haut niveau ! Vous n'aurez aucun mal à trouver les playlists destinées à accompagner votre lecture dans toutes les bonnes crèmeries ;-)

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Fred_again_The_Blessed_Madonna_-_Marea_We_ve_Lost_Dancing