Toutes mes excuses pour l'absence de billet la semaine dernière ! Elle a été chargée avec un déplacement professionnel à l'étranger suivi d'un week-end de grande conjonction familiale dans le Sud-Ouest... Rentré tard dimanche soir j'ai bien essayé de pondre quelque chose mais je n'ai pas été satisfait du résultat et ai donc préféré laisser tomber car à La Partouze Musicale on ne bâcle pas le travail ! A l'avenir je tâcherai de mieux anticiper ce genre de situation pour ne pas vous priver de votre partouze hebdomadaire... d'autant plus que je sais désormais qu'elle est attendue même au Japon ! ;-)

Figurez-vous que je suis parti assister au 45ème congrès annuel européen des cantonniers de l'Internet qui se tenait cette année à Dublin, ville où je suis allé pour la première fois il y a 30 ans et où je n'étais pas retourné depuis... Ma foi en 30 ans ça a pas mal changé ! Le décollage économique, le dumping fiscal et l'implantation locale des GAFAM sont passés par là, le Tigre Celtique a désormais fière allure malgré la crise de 2008. L'Irlande est même devenue l'un des pays dont la consommation dépasse le plus les capacités de la planète...
En 1989 la différence de niveau de vie avec la France était patente et dans Dublin des terrains vagues bordés de bâtiments en ruine voire effondrés m'avaient parfois donné l'impression que la ville venait d'être bombardée... Quoi qu'il en soit j'étais ravi d'être là, c'était mon premier voyage seul, mes premières vacances sans mes parents, avec mon sac à dos et mon guide du routard... et je me suis régalé ! :-)

Il se trouve qu'une des choses qui m'avaient donné envie d'aller en Irlande (pays où la musique est omniprésente, parfois trop !) était un disque, le 4ème album des Waterboys, "Fisherman's Blues" sorti en octobre 1988 et qui fait fort légitimement partie des 1001 albums qu'il faut avoir écoutés dans sa vie.
C'est en effet un album remarquable à plus d'un titre, notamment par sa genèse. Jusque là les Waterboys (groupe écossais) avaient connu un succès critique et commercial avec un rock épique, très (trop ?) produit et qualifié de "Big Music" (en référence à un titre de leur deuxième album "A Pagan Place"), leur chanson la plus connue étant le célèbre "The Whole of the Moon" sur leur 3ème album, "This is the Sea" (le morceau donnant son titre à ce disque étant lui aussi emblématique du style de musique initial du groupe).
Après ce disque, Mike Scott et ses acolytes (dont le violoniste irlandais Steve Wickham) font une grosse pause de 2 ans, partent en Irlande, s'y balladent, s'y installent, jouent avec les musiciens du cru, font des boeufs dans des pubs, montent un studio d'enregistrement dans une maison de la région de Galway et finissent par accoucher d'un véritable chef d'oeuvre, mélange syncrétique de musiques traditionnelles irlandaises et écossaises, de musique country et de rock & roll ! :-)

Autour du trio principal formé par Mike Scott (chant, guitare, piano, orgue hammond, bouzouki et percussions), Anthony Thistlethwaite (saxophone, mandoline, harmonica et orgue hammond) et Steve Wickham (violon), une vingtaine de musiciens ont participé à cet album et seule une moitié figure sur la photo souvenir de la pochette... Plus de 100 morceaux ont été enregistrés pendant la création de ce disque étalée sur 2 ans, au point que pour son 25ème anniversaire en 2013 est sortie une Fisherman's Box de 7 CD (malheureusement pas disponible en streaming...) !

Je vous propose d'écouter mon morceau préféré parmi la dizaine présente sur l'album d'origine, "The Stolen Child", une mise en musique d'un poème de William Butler Yeats dont Mike Scott ne chante que les refrains, le texte principal étant lu plus que chanté par le chanteur traditionnel irlandais (sean-nós) Tomás Mac Eoin dont la voix est des plus singulières.
Rythmée par un martèlement continu au piano (qui rappelle les premiers titres des Waterboys), il s'agit d'une étrange et même surnaturelle partouze musicale qui voit se succéder, se rassembler, se mélanger et s'unir (pour ne pas dire copuler !) toute une troupe d'instruments (flute, saxophone, cornemuse, violon, tambourin, clochettes) qui évoquent la troupe de créatures du Petit peuple qui tentent de convaincre un enfant humain de les accompagner sur leur île enchanteresse où il échappera aux vicissitudes du monde terrestre... Je vous en recommande l'écoute au casque (ou à fort volume !) pour presque 7' de voyage vers les landes, collines et lacs féériques de l'Éire :-)

Spéciale dédicace à Françoise P et Séverin H qui se sont inquiétés de l'absence de partouze la semaine dernière... ;-)

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PS: Deux mois après avoir écrit ce billet, j'ai découvert grâce à l'ami Pierre-Jean que la Fisherman's Box est bien disponible en streaming ! 121 titres, 7h37 de musique, mazette quelle partouze ! :-D

The_Waterboys_-_Fisherman__s_Blues