J'ai déjà eu l'occasion de vous confier que l'une des plus grandes claques intellectuelles que j'ai prises dans ma vie était "King Kong Théorie" de Virginie Despentes.
Un autre ouvrage qui m'a foutu un bon gros coup de boule intellectuel est "Retour à Reims" de Didier Eribon, paru en 2009 (trois ans après l'essai de V.Despentes) mais que je n'ai lu que bien plus tard, en juin 2018.
Je me permets de vous reproduire un extrait du compte-rendu rédigé par l'amie Mika de la caniculaire "Soirée lecture(s)" (prétexte intello pour picoler et baffrer) du 30 juin 2018 : « (Le Partouzeur Musical) a partagé sa lecture enthousiaste de "Retour à Reims", de Didier Eribon. L’écrivain sociologue élabore dans cet ouvrage un "essai intime", le récit autobiographique (l’histoire familiale, la multiplicité des résistances) venant nourrir une réflexion théorique sur le lien qui existe entre la question du milieu social et la question de l’homosexualité. Ce processus d’écriture qui consiste à théoriser à partir d’expériences personnelles, et l’acuité des réflexions sociologiques ainsi révélées, font peut-être de ce livre le pendant masculin de "King Kong Theory", de Virginie Despentes. » 8-)
Dans un compte-rendu chaleureux de "Retour à Reims", Annie Ernaux (autre transfuge de classe(1))  a décrit cet ouvrage comme une « auto-analyse poussée à l'extrême ».

Cet après-midi j'ai achevé la lecture de "La société comme verdict", ouvrage paru en 2013 dans lequel Didier Eribon approfondit le récit et les réflexions qui s'entrecroisaient dans "Retour à Reims".
La société assigne des places. Elle énonce des verdicts, qui s'emparent de nous et marquent nos vies à tout jamais. Elle installe des frontières et hiérarchise les individus et les groupes. Pour Didier Eribon, la tâche de la pensée est de mettre au jour les mécanismes d’infériorisation et les logiques de domination et de reproduction sociales. Il nous convie à un véritable renouvellement de l’analyse des classes, des trajectoires, des identités et du rôle central et ambivalent des institutions (notamment le système scolaire, la justice, la politique...). Pour lui, seule une démarche qui place au centre de ses préoccupations le problème des déterminismes par lesquels nos vies sont régies peut nous permettre d’ouvrir la voie à une politique de l’émancipation, ce qu'il sera enfin légitime d'appeler une politique démocratique.(2)

Juste avant le bel épilogue ("Faire appel"(3)), la conclusion du dernier chapitre ("Généalogies") m'a particulièrement interpellé :
« Qu'est-ce que cela signifie d'écrire dans la langue de l'ennemi ? Qu'est ce qu'écrire sur la domination dans la langue dominante ou la langue des dominants ? Écrire dans la langue de l'ennemi, c'est une phrase de Genet qu'aime à citer Annie Ernaux. Qu'est-ce que cela rend possible ? Et quel biais, peut-être, cela introduit-il dans le rapport de ceux qui écrivent à ceux sur lesquels ils écrivent, et à ce sur quoi ils écrivent ?
   Existe-t-il un autre moyen, un autre chemin ? »

"Lost & Found" est le premier morceau de l'EP homonyme publié en mai dernier par Manolo Redondo(4) et qu'il définit en quelques mots comme la bande son d’un film, une collection d’images rapportées de ses errances en Amérique centrale. C’est aussi pour lui un moment de transition, une période en mouvements et changements, instable et passionnante…
J'ai beaucoup écouté cette envoutante chanson depuis que l'ami Laurent me l'a fait découvrir il y a deux semaines. Une folk-pop mélancolique invitant à l’errance et au voyage. De belles harmonies vocales accompagnées par des guitares douces et limpides. Des paroles qui alternent anglais et français, parfois au sein d’une même phrase. On ferme les yeux, on lévite et on se laisse porter...

Spéciale dédicace donc à l'ami Laurent ainsi qu'à André, son père. Bonne partouze à tous ! ;-)

P.S. Si vous ne voyez pas le rapport entre ce titre et tout ce qui précède, cherchez bien, vous finirez par trouver ! ;-)

(1) Également autrice d'une autre phénoménale mandale intellectuelle, "Les Années" (2008) :-D

(2) Ce coup-ci c'est sur la quatrième de couverture que j'ai allègrement pompé ! Vous avez pu le constater si vous avez cliqué sur le lien ;-)

(3) Du verdict... suivez un peu ! ;-)

(4) Rigolo pseudo d'un musicien français descendu de ses montagnes pour s’installer à Paris (le dingo) ! ;-)

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Manolo_Redondo_-_Lost_&_Found