La Partouze Musicale

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dimanche 2 juillet 2023

La Partouze Musicale #155 (2023/26)

Eh non, La Partouze Musicale n'a pas été dissoute par Gérald Darmanin ! Du moins, pas encore... J'ai juste eu énormément de travail ces derniers temps (une échéance professionnelle pour le vendredi 30 juin...) et lorsque je ne travaillais pas j'avais tout juste assez d'énergie pour regarder The Marvelous Mrs Maisel, une série AmazonTM (Pouah cacaaa !) que je vous recommande chaudement, à l'instar de Mona Chollet (Oooh trop bien !) 8-)

Le week-end ne m'a pas complètement permis de me remettre de la folle journée de vendredi et, comme vous le savez déjà, je suis de plus terriblement flemmard... mais je n'avais pas envie de vous laisser deux semaines sans Partouze Musicale, Macron Dieu seul sait ce que le manque pourrait vous pousser à faire : participer à une casserolade un conseil de quartier, rejoindre Les Soulèvements de la Terre RenaissanceTM, voire manifester contre les violences policières l'inflation galopante !

Je me décide donc à avoir recours une fois de plus à la sous-traitance pour rédiger ce billet... Cette fois c'est le Canard Enchaîné que je me permets de piller, plus précisément son dernier numéro, en date du 28 juin, qui comporte en première page, un bref article intitulé "Quel naufrage !" qui synthétise bien plus efficacement que je n'aurais pu le faire ce que j'avais envie de vous dire(1) :

« Avec cette histoire de sous-marin pour milliardaires construit à l'économie pour reposer à côté du "Titanic", on a touché le fond. Beaucoup se sont étonnés du battage médiatique mondial et ininterrompu autour du "Titan" et de ses cinq passagers, alors que la noyade de 700 migrants causée par la marine grecque dans ses eaux territoriales n'a pas suscité autant d'émotions(2). "Une situation intenable" a jugé Obama en personne, s'offusquant de la différence de traitement. "Cinq hommes portés disparus : plusieurs millions pour les sauver. 750 migrants disparus : resserrer les frontières" a écrit la compagne d'Omar Sy(3) sur son compte Instagram. Cela a valu aux deux, et à beaucoup d'autres, des tombereaux d'injures sur les réseaux sociaux.
   Demeure la question : pourquoi un naufrage de milliardaires vaut-il plus que celui de migrants ? Cynique pour cynique, d'un pur point de vue comptable, c'est un non-sens : 700 migrants à 4000 euros la place, c'est 2,8 millions d'euros de recettes. Les trois milliardaires payants, à 250 000 euros la place, n'ont rapporté que 750 000 euros à l'entreprise qui les as tués. Le trafic de migrants est d'un meilleur rapport que le tourisme de milliardaires, mais il émeut moins. Ils sont si nombreux à s'être noyés en Méditerranée depuis dix ans, plus de 20 000, que c'est devenu d'une grande banalité.
   Des milliardaires dans une boîte de conserve qui ne résiste pas à la pression, en revanche, c'est inédit. Cela vaut bien un déluge de moyens pour les sauver - plusieurs avions militaires, une dizaine de navires d'expédition, des véhicules sous-marins autonomes, dont le robot français Victor 6000. Plus personne ne recherche, en revanche, les centaines de femmes et d'enfants qui étaient dans les cales du chalutier coulé. Conclusion : quand on meurt, mieux vaut être riche et bien portant que pauvre et migrant si on veut que les larmes coulent aussi. »

"Sensitive" (1989) est le second single du groupe britannique The Field Mice (les rats des champs), un des groupes emblématiques du petit (par la taille) label anglais Sarah Records (devenu grand par sa réputation posthume) qui à la fin des années 80 a contribué à créer un nouveau style musical dénommé shoegazing. Ce petit chef d’œuvre de pop indie a été décrit comme "une déclaration d'intention sous forme d'hymne, une défense du sentiment et un commentaire sur la façon dont la sensibilité est critiquée, voire punie". "Sensitive" (réédité en 1991 sur la compilation "Coastal") réussit superbement l'accord de la forme et du fond : une guitare planante et romantique qui se fait tranchante avant de laisser place à une voix douce et fluette qui nous murmure un message naïf et pourtant universel - si tu te montres sensible, tu risques d’être crucifié par ceux qui ne le sont pas - pour ensuite le dissimuler (ainsi que plusieurs petites mélodies successives ou entrelacées en un véritable art du contrepoint(4)) sous une couche de guitare saturée et la caisse claire d’une boîte à rythmes à la régularité mécanique avant de s'achever (quasiment sur un coup de feu) aussi brusquement qu'une vie peut s'arrêter.

Spéciale dédicace à mes deux frères Marwane et Karim qui ont beaucoup aimé Sarah Records, à Michou 007 qui a été acceptée au Master qu'elle convoitait, ainsi qu'à toutes les victimes de la bêtise(5).
Bonne Partouze à tous·tes 8-)

(1) Une récente chronique du scénariste Thomas Bidegain dans feu "C'est encore nous" (RIP) a remarquablement traité ce même sujet...

(2) Ceci dit, à l'issue de ce drame, trois jours de deuil national ont été décrétés en Grèce et la campagne des élections législatives a été interrompue. En revanche, en France, on n'instrumentalise pas une minute de silence pour ce genre de non-évènement ...

(3) Vous aurez noté que trouver le nom de la compagne d'Omar Sy semble être un exploit dont même les fins limiers (un brin misogynes il est vrai et ça ne date pas d'hier) du Canard Enchaîné ne semblent pas capables !...
La Partouze Musicale vous le livre donc en exclusivité : Hélène Sy 8-)

(4) Je vous recommande chaudement d'écouter ce morceau au casque, vous m'en direz des nouvelles ! ;-)

(5) « La bêtise n'est pas, comme on le croit trop souvent, une absence d'intelligence (qui correspond plutôt à la sottise ou à la stupidité), mais une suspension de l'intelligence, et même, très précisément, une suspension volontaire de l'intelligence. » (Isabelle Daunais, « La suspension volontaire de l'intelligence », in Argument, volume 19, n°1, automne-hiver 2017, pages 75-76)

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The_Field_Mice_-_Coastal

lundi 15 mai 2023

La Partouze Musicale #151 (2023/19)

Le week-end a été bien occupé et aucune Partouze Musicale n'était prévue... mais - suite au message automatique envoyé par erreur dimanche soir - je me sens désormais obligé de vous délivrer votre dose hebdomadaire de Partouze, bande de junkies ! 8-)

Ça tombe bien, j'ai justement écrit la semaine dernière qu'on reparlerait des carrières solo de Tracey Thorn & Ben Watt ;-)

On va donc pour une fois aller à l'essentiel, sans fioritures ni tralala, sans notes de bas de pages ni commentaires islamo-gauchistes, sans une once de wokisme et même - soyons fous - sans Gérald Darmanin, je sais c'est complètement guedin !...

Je vous propose tout simplement d'écouter "Irene", une superbe chanson du quatrième album solo de Ben Watt, "Storm Damage" (2020). Dans cette chanson, Ben Watt porte un regard lucide et affectueux sur le paysage en constante évolution des scènes musicales, des villes comme des cercles sociaux qui ont tendance à s'estomper avec le temps.
"Irene" est caractérisée par une douce ritournelle électronique qui supporte de simples couches de piano électrique et de guitare acoustique avec la contribution d'Alan Sparhawk du groupe Low (vous pourrez lire - en anglais - ici un échange intéressant entre ces deux musiciens accomplis). Le mélange sonore de ces éléments est absolument parfait et permet à la voix discrète de Ben Watt de nous ramener dans le temps. La chanson parle en effet de la nostalgie et de la relation entre un(e) artiste passé(e) de mode (ou qui n'a jamais vraiment fait carrière) et son public.

Spéciale dédicace à tous les musiciens injustement oubliés, à tous ceux qui n'ont jamais percé, merci à eux.
Bonne Partouze à tous·tes  ! ;-)

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Ben_Watt_-_Storm_Damage

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