Cette semaine j'aimerais vous parler d'un autre artiste dont la musique me touche tout particulièrement et m'accompagne depuis de nombreuses années. Ce n'est pas grâce à FIP - pour une fois ! - que j'ai découvert Pat Metheny, guitariste américain de jazz, musicien de génie (20 Grammy Awards ! Seul musicien à ce jour à en avoir remporté dans 10 catégories différentes !), extrêmement prolifique (des dizaines d'albums studio en leader ou sideman) et véritable bête de scène (environ 200 concerts par an depuis 1974 !). C'est grâce à la K7 audio qui a changé ma vie que j'ai découvert Pat Metheny mais aussi et surtout grâce à un endroit qui n'existe plus, Le Bataclan à Toulouse.


Le Bataclan, c'était une petite boutique située place du Peyrou (placette à l'intersection des rues des Lois, des Salenques, Albert Lautmann et Emile Cartailhac), en plein centre de Toulouse, non loin de la Place du Capitole, de la Basilique Saint-Sernin (plus belle basilique du Monde !) et du Lycée Pierre de Fermat. C'est un camarade de terminale (il a ma reconnaissance éternelle !) qui m'avait parlé de cet endroit merveilleux qui - bien avant que les bibliothèques municipales toulousaines se transforment en médiathèques - permettait aux amateurs de musique ne roulant pas sur l'or d'emprunter des disques (des vinyles puis très vite des CD) pour une semaine à un tarif fort raisonnable(1) 8-)

C'est là que j'ai découvert Pat Metheny, ses premiers disques enregistrés chez ECM puis très vite ceux produits chez Geffen. Pat Metheny n'est pas parti fâché de chez ECM mais la façon rigide (germanique ?) dont les disques y étaient réalisés (deux jours d'enregistrement, un jour de mixage, point barre) ne lui permettait pas de donner libre cours à son envie - partagée par son acolyte Lyle Mays (RIP) - d'utiliser le studio d'enregistrement comme un véritable instrument.
C'est ainsi qu'en 1987, "Still Life (Talking)", le sixième album du Pat Matheny Group (et premier chez Geffen) a été enregistré en deux semaines au studio Power Station ce qui leur a permis de travailler le son de l'album à leur guise, notamment en utilisant un microphone collé aux guitares de Metheny pour obtenir un son plus profond, plus intime.

"Still Life (Talking)" a été un énorme succès, il a remporté le Grammy Award de la meilleure interprétation de Jazz Fusion en 1988, a été disque d'or avec plus de 500 000 exemplaires vendus et est encore un des disques les plus populaires du groupe. C'est un disque magnifique qui combine des rythmes et harmonies de la musique instrumentale brésilienne avec celles du jazz et de la musique folk avec même une pincée de pop.
En revanche, aucune influence brésilienne dans le morceau que je vous propose d'écouter cette semaine, l'un des plus singuliers(2) jamais composés par Pat Metheny, "Last Train Home" dont le charmant thème western combiné à une rythmique entêtante évoque un paisible voyage en train (à vapeur !) à travers le désert de l'Arizona, la tête passée par la fenêtre, cheveux au vent. On ne dirait pas vraiment la description d'un morceau de jazz... mais l'une des nombreuses qualités de Pat Metheny est justement son aptitude à transformer des idées complètement improbables en musiques bien réelles ! ;-)

"Last Train Home" est un des morceaux préférés de mon père, il est capable de l'écouter en boucle pendant des heures. Je crois bien que ça a quelque chose à voir avec son amour des westerns... ;-)
Il se trouve qu'il fêtera demain son 84ème anniversaire donc Spéciale dédicace et d'avance Joyeux Anniversaire Papa ! :-D

(1) En pratique on achetait au fur et à mesure des cartes permettant d'emprunter 10 disques. Ces fiches cartonnées comportaient 10 cases tamponnées au fur et à mesure des emprunts... une autre époque ! ;-)

(2) Par exemple, Matheny estime qu'il est quasiment impossible d'improviser sur ce morceau...

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Pat_Metheny_Group_-_Still_Life_Talking